A l'abri des pensées des autres [L]

• Pour moi, les Autres sont un enfer. Leurs pensées m'assaillent la journée entière pour ne me laisser en paix qu'à la nuit tombée ; lorsque tout le monde dort et que je peux enfin vivre une vie normale. J'ai l'impression que mon crâne va exploser, surchargé par le flot d'émotions, de sentiments et de rires intérieurs qu'émettent les autres dans leur esprit. Chaque excès de colère contre leur conjoint, chaque moquerie, chaque injure que ces gens transcrivent dans leur esprit foudroient le miens. J'aimerais tant pouvoir au moins atténuer cette douleur qui m'enserre le crâne dans un étau géant. Mais les migraines incessantes ne diminuent que pour revenir encore plus fortes. Il m'arrive même d'être obligée de m'enfuir loin, très loin pour ne pas être victime du supplice des pensées des autres. C'est pour cette raison que je me suis retrouvée ici ; loin de la ville et loin des autres. D'après les autres élèves, une fête foraine s'est installée en ville. Je n'aime pas ce genre de rassemblement. Et puis de toutes façons je ne peux pas y aller sous peine d'exploser littéralement en milles morceaux.
  
  Je suis seule. Seule avec mes pensées pour seule compagnie. Et cette moitié de solitude me convient à merveille. Je marche, les mains dans les poches. Le contact rassurant du câble plastifié de mes écouteurs me réchauffe le corps. Ici, dans ses ruines chargées des secrets du passé, je n'ai pas besoin de m'enfoncer ces objets de la modernité dans les oreilles ni de tourner le bouton jusqu'à ce que je n'entende plus que les guitares désaccordées jouant des dissonances qui sont pour moi un réel plaisir. Je marche sur les bouts de ce qui devait autrefois être un palais ou une simple chaumière. Après tout est-ce vraiment important ? Je secoue la tête, riant de moi-même. Je me rends compte que mes question sont parfois vraiment idiotes. Un pas, un autre. Les mains profondément enfoncées dans les poches de mon blouson. Un arbre calciné par la foudre se tient encore fièrement droit au milieu des bâtiments ravagés par le temps. Je m'en approche à allure régulière, monotone. Je m'y adosse et je regarde le ciel, pensant à ce que j'aurais pu être si je n'avais pas été capable de lire dans les pensées des gens.

Que dire ? Rien, je ne savais pas quoi faire, aujourd'hui, c'était jour de repos, je voulais en profiter pour prendre l'air, les yeux fermés, je marchais sans trop savoir où j'allais & où je me trouvais, certains auraient trouvés ça dangereux mais moi, je trouvais ça plutôt marrant, tu laisser ton esprit, ton âme te guider sur un bon chemin, tu suivais ton instincts, le souffle du vent, c'était plutôt agréable, bon, plusieurs fois je m'étais crouté me faisant quelques bleus dans les bras & les jambes mais rien de bien grave, puis faire cela me permettait de me relaxer, de faire tomber la pression, la colère, et ça me reposais, ça me permettait de faire le vide, de faire le tri, réfléchir à des choses, faire le point, bref

Les ruines, je ne savais pas ce que je foutais là, le vent s'était un peu refroidi mais je n'avais pas froid, les loups-garou ont en eux une certaine chaleur, je ne sais pas pourquoi hein, c'est comme ça, c'était bizarre. Beaucoup de choses étaient bizarre dans ce monde, je ne cherchais pas à comprendre. Je me baladais dans les ruines, les yeux ouverts cette fois, quand je voyais une fille marcher, rien que de la voire me fit frissonner, je m'approchais d'elle, quitte à me prendre un gros vent, j'aimais le risque, puis peut être que pour une fois, les rôles pourraient s'inverser, nous verrons bien, j'enjambais les vieux débris et m'approcha d'elle, elle ne semblait pas m'avoir remarqué, peut être que ses écouteurs masquaient le bruit que je faisais en marchant, je lui tapota l'épaule une fois à sa hauteur et lui dit une fois qu'elle s'était retourné :

C'est pas trop glauque comme endroit pour venir se balader ou écouter de la musique ?

• Cette main sur mon épaule me fait frissonner. Je ne sursaute pas. Non. Jamais. Je ne connais pas la peur et elle ne me connaît pas non plus. Nous sommes toujours restées à l'écart l'une de l'autre et c'est très bien ainsi. Mais un frisson n'est pas de la peur ; juste un dégoût lorsque l'on vous frôle à peine. Et lui m'a pleinement touché l'épaule. Je me retourne vers lui, il semble avoir quelques contusions, sur le visage, sur les membres. Son T-Shirt à manche courte me laisse les voir. Je tressaille à nouveau à l'idée de sa main sur mon épaule. Et pourtant je ne montre rien. Rien du tout. C'est une façon pour moi de cacher mes pensées aux autres. Après tout je ne connais pas ce garçon et il peut très bien être télépathe lui aussi. Il n'a pas l'air méchant. Mais je n'aime pas les autres ; et encore moins ceux qui me touchent. Je sais, il ne pouvait pas savoir. Mais même ! Pourtant j'ai envie de lui faire passer ce que j'appelle "Test de compatibilité avec l'individu Melissa Evans". C'est ingrat ; je sais. Mais c'est un petit jeu que je me donne l'autorisation de faire lorsque j'ai envie de connaître le caractère de quelqu'un.
  
  Il me demande si ce n'est pas trop glauque comme endroit pour venir marcher ou écouter de la musique. Je lui jette un regard mystérieux sans bouger. Il a de la chance ; j'aurai pu lui sauter à la gorge et le transformer en légume. Mais je n'en fis rien et le fixai intensément. Sa question est idiote. Lui vient de promener ici aussi après tout. Et n'était-il pas en train de marcher les yeux fermés ? Sinon, d'où viennent tous ces bleus et ces égratignures ? En venant, je n'ai croisé aucuns buissons épineux, juste de petits arbustes. C'est étrange d'ailleurs, dans les endroits comme des ruines vieilles de plusieurs centaines d'années, les mauvaises herbes ne se gênent pas pour pousser ! Mais revenons à ce garçon. Il me fixe toujours d'un air que je ne peux pas interpréter. Et pourtant, si j'enlève mes écouteurs et les guitares désaccordées qui projettent des sons dissonants dans mes oreilles, je pourrai aisément lire dans les pensées de celui qui me fait face. Mais je ne veux pas pour l'instant, je préfère attendre et m'amuser un peu.
  
  “Tu te promènes aussi non ? Et, si j'peux me permettre, pourquoi tu as des bleus partout ?”
  
  Je fais les yeux ronds, je fais l'imbécile. Je pense, j'espère qu'il ne m'en voudra pas. Je n'aime pas vraiment les gens mais je n'ai jamais vraiment essayé d'avoir un ou une ami. Si lui veut devenir le miens, je serai peut-être réticente au début mais si il sait me prendre dans le sens du poil... pourquoi pas ? Je croise les bras, attendant une réponse. Je m'appuie contre l'arbre, de côté. Un petit sourire en coin trahis mon amusement ; et alors ?

Sur ce coup là, elle n'avait pas tort et je me sentais légèrement c*n, mais bon, d'un côté, ce n'était pas de m faute, le vent m'avait emmené ici, pour rencontrer cette fille, très étrange, comme si elle venait d'autre part, voir cette image de cette fille en noir qui marchais dans les débris tel une Valkyrie attrapant les cadavres des morts après la bataille, cette image me fit frissonner. Puis oui ça, pourquoi j'avais des bleu partout, ah oui, j'suis c*n, parce que comme un imbécile, j'avais décidé de faire confiance au vent et à mes pieds, mais ceux ci avaient préféré se cogner à des obstacles diverse ce qui me faisais tomber, et dieu sait que ca avait laisser des marques, je souris, je ne souffrais pas mais c'était quand même bizarre de voir tous ses hématomes sur mon corps chaud. Je souris et fixa la jeune fille qui faisais de même et je lui répondis ;

En temps normal, je me serais arrêté las bas, juste avant les débris, mais je t'ai vu & j'avais envie de venir te voir, ne me demande pas pourquoi.

Je réalisé deux secondes plus tard que je n'avais répondu qu'a une partie de sa question, et qu'est que je faisais de mes beaux petits bleus ?

Oh ça !! C'est rien !!

C'était l'excuse facile, faut me comprendre, je n'avais pas envie de me rendre encore plus ridicule que je ne l'étais déjà à cause de cette histoire de " promenade "

• Il m'a vu et a eu envie de venir me voir... Etrange. Surtout de la part d'un garçon et envers moi. Moi et mon manteau noir. Moi et mes bottes de gothiques. Moi et mes chaînes en métal. Moi et mes gants. Moi et mes cheveux noirs. Moi et mon air renfrogné. Moi et mes pensées vagabondes. Moi et mon pouvoir. Je déglutis, écoutant sa justification. Un soupir involontaire m'échappe : sa raison est plus que stupide. Comment ces bleus peuvent-ils ne rien être ? Je plisse les yeux et retire mes écouteur après avoir éteint mon MP3. Maintenant, je peux lire dans ses pensées comme dans un livre et rien ne peut m'échapper. C'est mesquin, je sais. Mais j'aime à divaguer dans l'esprit des gens. Parfois, je découvre des choses qui m'étonne mais la plupart du temps je m'attends à ce que je vais lire dans le cerveau des gens qui m'abordent. Je vois à leur visage s'ils sont timides, renfermés ou s'ils son vantard. Mais lui n'est rien de tout cela ; ou je ne peux pas lire son caractère sur son visage.
  
  Si il me touche, je m'en irai. Si il pose une question idiote, je m'en irai. Si il ment, je le saurai. Il n'a le droit à aucune erreur. Aucune. Si c'est le cas, je m'en irai et il ne me reverra pas. Son premier geste en a été une mais il ne pouvait pas savoir. Je la lui pardonne. Mais uniquement celle-ci ! D'ailleurs, je vais le prévenir de mon pouvoir et de ses conséquences ; comme ça il saura à quoi s'attendre. Je le fixe et prend une grande inspiration avant de le prévenir.
  
  “J'te préviens tout de suite, mon pouvoir est particulier. Je suis télépathe mais c'est une forme spéciale. Si tu me touches, tu partageras mes pensées et je partagerai les tiennes. Même si je peux déjà les lire dans ton esprit. Ce qui veux dire que tu ne peux pas me mentir ; je le saurai.”
  
  C'est un peu brusque, certes. Mais si il veut devenir mon ami, il faudra qu'il si fasse. Je suis Melissa Evans. La seule et l'unique. D'ailleurs ; je crois être la seule à posséder ce pouvoir accablant, exténuant et presque invivable. Pour ne pas l'effrayer, je lui décoche un petit sourire. Le chanceux ! Je ne l'ai pas fait souvent et c'est même un geste rarissime de ma part. Mais j'aime jouer et ce garçon semble être un jouet merveilleux. Bien sûr, je ne veux pas me servir de lui, juste le tester. Juste ça.

Je ne sais pas ce que m'infligeait cette fille mais elle me donnait une folle envie de la connaitre plus, elle m'intriguait, elle était mystérieuse, elle semblait réservée, solitaire c'est comme si quelque chose m'attirait vers elle, non, pas dans le sens amoureux, dans le sens où j'avais envie de lui parler, de la connaitre, c'était bizarre, je lui souriais, peut être que quelqu'un d'autre aurait eu peur en la voyant, avec son physique un peu brute, ce sentiment qui ferais peur, peut à tous, sauf à moi, elle ne me faisais pas plus peur que ça, au contraire. Je l'écoutais parler, elle était télépathe, elle pouvait lire les esprits, et si je la touchais, je pourrais savoir ses pensées, bien sur, j'avais envie de la touche,r pour essayer, mais quelque chose en moi ou en elle m'interdisait de la toucher, je m'abstenais de ce geste. Quelque chose dans ce don me dérangeait, me déplaisait :

T'a pas l'impression d'entrer dans la vie des gens en lisant dans les pensées ?

Bien sur, je savais qu'elle ne l'avait pas choisis son pouvoir mais rien que de penser que cette fille pouvait s'introduire dans la vie des gens par la pensée me dérangeait, peut être que j'avais manqué une occasion de me taire mais il avait fallut que j'ouvre ma gue*le, et je ne le regrettais pas.

• Je devais m'y attendre. Et pourtant, malgré ce que je pense de tous ceux qui disent ça, il n'a pas le même regard, le même dégoût dans la voix. Je lui souris à nouveau. Un sourire qui signifie “Je te trouve intelligent.” Mais pour lui rien n'est gagné. Moi je m'en fiche : je ne veux rien gagner. Mais peut-être que lui souhaite avoir une partie de moi. Peut-être souhaite-t-il devenir mon ami. Je le regarde. Je ne dis rien. Il est gêné par mon pouvoir. Un goût de rose fanée traîne dans ma bouche. Il est intelligent. Je le pense vraiment. Je me surprend à imaginer une deuxième rencontre. A l'Académie. Lui n'a pas besoin de me dire son pouvoir, ni même de préciser qu'il en a un : je le sais. C'est un loup-garou. Je le sens ; une sensation de poil de chien mouillé envahi mon corps. Je tressailli à nouveau, comme lorsqu'il a posé sa main sur mon épaule. Il n'a pas besoin non plus de me donner son prénom, je le connais aussi. Dawson. Son nom de famille je m'en fiche. A quoi pourrait-ce me servir ? A rien. Non. Vraiment rien.
  
  “T'es intelligent tu sais.”
  
  Je préfère le lui dire. Au cas où il ait cru qu'il avait dit une conner*e. Un sourire satisfait étire mes lèvres vers le haut de mon visage. J'ai perdu l'habitude. De sourire je veux dire. Ça me ferait presque mal ! C'est étrange n'est-ce pas ? Mais revenons à Dawson. Un sentiment étrange - et autre que l'amour - me pousse à essayer d'en savoir plus sur lui. Ce n'est pas non plus la curiosité car je ne suis pas curieuse. Sinon, je ne mettrai pas des écouteurs à longueur de temps pour ne pas entendre les appréciations des gens sur moi ou sur les autres. Non. Ce n'est pas ça. C'est lui. Simplement lui.

C'est vrai quoi, lire dans les pensées des gens c'est tout savoir sur lui, qui il aime, ses problèmes, ses peur, tout, je trouvais ça un peu dégueulasse, mais maintenant, je savais très bien qu'elle n'avait pas choisis son don tout comme je n'avais pas choisis le mien, ça ne se commandait pas, mais ça me faisait bizarre de avoir que là, tout de suite, elle était peut être entrain de fouiller mon esprit pour chercher des trucs sur moi, peut être connaissait t'elle déjà mon don, ou mon prénom. J'étais intelligent, ces paroles me faisaient plaisir, je souriais mais je ne répondis rien, je ne savais pas quoi répondre. Une question me grattait la gorge, je me lançais :

Tu es fier de ce don ?

• En suis-je fière ? Non. Jamais je n'ai voulu être... différente. Il vient de toucher, sans le savoir, un point faible de ma personnalité. Je baisse la tête et me referme comme une huître. Non je ne suis pas fière de pouvoir lire dans les pensées des gens comme dans un roman. Non je ne peux pas empêcher ce pouvoir ; sauf en écoutant de la musique avec le son poussé au maximum. Non je ne veux pas qu'il croit que je ne lui adresserai plus la parole. Et oui je sais que je suis stupide. Je m'enfonce dans un magma gluant dont je ne peux me dégager. Je ne suis pas faite pour une amitié qui dure. Je suis celle que l'on surnomme la Reine des Garces. Et je n'y peux rien. Je fourre mes mains dans mes poches. Il apprendra ainsi que je peux me renfermer très rapidement. Certes c'est un peu égoïste comme réaction. C'est surtout très puéril. Même un enfant ne bouderait pas de cette façon. Et je n'en suis plus une ! Cela fait de moi une personne si étrange que, parfois... j'ai du mal à me connaître moi-même.
  
  Mais il faut que je lui réponde. Sinon il va me prendre pour... ce que je suis. Une gothique télépathe qui lit dans les pensées des autres. Sans scrupules. Sans honte. Je secoue la tête lentement, désespérée par moi-même. En fait, je pense qu'il vaut peut-être mieux que je m'en aille et que je ne croise plus Dawson. Car il semble être la raison de mon malaise. Non. Je ne suis pas amoureuse de lui. Je ne peux pas connaître l'amour. C'est impossible. Mais jamais je ne m'étais sentie comme ça. Jamais je n'avais eu aussi honte. Jamais je ne m'étais dis intérieurement que j'étais une idiote. Jamais je n'avais fait tout ce que je faisais en ce moment. Stupide. Puéril. Jamais je n'avais employé ces mots contre moi. Contre d'autres oui. Parce que j'aime me moquer de ceux que je n'aime pas où de ceux qui ne m'aiment pas. Mais jamais contre moi. C'est étrange. Trop étrange.
  
  “Non. J'en suis pas fière.”
  
  J'avais toujours la tête baissée. Toujours les mains dans les poches. Toujours les cheveux devant les yeux. Toujours en train d'essayer d'éviter son regard. Chose que je n'ai jamais fait. Décidément... Je prend une grand inspiration et relève vivement la tête. Je fronce les sourcil et secoue la tête pour dégager mes yeux de mes cheveux noirs. Il ne doit pas comprendre que je peux être faible. Car je ne le suis pas. C'est juste... passager. Alors je reprend mon sourire. Je reprend mes bras croisés. Je m'appuie à nouveau contre l'arbre. Et je reprend mon regard rieur. Ça va beaucoup mieux maintenant. C'était passager, je le savais. Je peux endurer tout et n'importe quoi maintenant. Tout sauf... un contact humain.
  
  “Et toi ? C'est pas trop dur d'être un loup-garou ?”
  
  Oui, je sais ce que tu es. Je l'ai senti. Ce goût de poil de chien mouillé. C'était vraiment dégueulasse mais c'est comme ça. Parfois, mon pouvoir me fait ressentir des choses qui me donnent envie de vomir. Heureusement que je me retiens.

Ce que je lui est demander a semblé la mettre dans un état ... je ne connais pas de nom pour de décrire cet état. La voir dans cet état me faisait de la peine, elle souffrait, elle n'était pas fière de son don, elle n'était pas fière non plus d'en avoir un, elle était en ce moment dans un mauvais état d'esprit mais le pire, c'est que je ne pouvais rien faire, j'étais là, en face d'elle, au milieu de pleins de débris, a attendre que quelqu'un ou quelque chose brise ce silence de mort, je me mordis la lèvre, je sentis comme un malaise, j'hésitais à partir quand elle me dit clairement qu'elle n'en était pas fier, ca se voyait, j'en étais sur, mais le plus abrutis des imbécile l'aurait deviné, je lui lançais un sourire un peu ... rassurant si je peut employer ce terme.

Qu'est qui te gêne dans ce don ?

C'est vrai qu'être un Loup-Garou était sans doute plus simple que d'entendre les pensées des gens à longueur de journée, là, je tâchais de ne penser à rien pour lui faciliter la tâche, c'était difficile mais je prenais sur moi, je souris et je répondis à sa question ;

Non, ce n'est pas très dur, le seul inconvénient, c'est que je me transforme dès que je m'énerve, c'est d'ailleurs pour ça que je suis dans cette académie, pour apprendre à maitriser ce don, et c'est pour ça que tu es là aussi.

• Cette fois c'est trop. Ce qui me gêne ?! Je n'ai même pas envie de répondre. Plutôt de lui cracher dessus comme s'il était une vulgaire poussière. Mais je dois me contrôler. Je n'aime pas cette académie et je veux vivre seule. Dans l'oubli et dans l'ennui total. Si je n'arrive pas à canaliser mon pouvoir et mon énergie... j'y suis pour encore une dizaine d'années. Alors je souffle, lentement, longtemps. Il n'a qu'à s'en aller s'il en a marre. Je m'en fiche. Qu'il soit là ou non, je n'ai rien à perdre ni rien à gagner. Et pourtant ça pourrait m'aider d'avoir un confident. C'est ce que m'ont dit les psy'. Tous ceux que j'ai vu avant de venir ici et devant lesquels j'ai défilé sans jamais rien prononcer. Même pas mon nom. Je suis égoïste croyez-vous ? Non. Réaliste. Mais ce garçon ne mérite pas que je fasse tomber ma foudre psychique sur lui. Pas encore.
  
  “Les migraines. Et le dégoût des gens quand ils découvrent que je peux savoir tout ce qu'ils pensent.”
  
  Je fais une grimace. Je n'aime pas me confier à un inconnu. Car pour l'instant il n'est rien d'autre pour moi. Un inconnu. Peut-être peut-il devenir plus que ça. Mais pas pour l'instant. Je respire encore. A fond. Longtemps. C'est un moyen pour moi de ne pas sauter à la gorge de ce garçon. Bizarrement je ne m'habitue pas à savoir son nom sans qu'il me l'ait dit. C'est pour ça que je ne l'appelle pas Dawson. Pour moi c'est "le garçon" ; rien d'autre. Je l'écoute me parler de son don. Loup-garou. Un homme se transformant en loup lorsqu'il est énervé. Ça pourrait être amusant. Sauf si on ne sait pas se défendre. Là ça peut devenir dangereux. Je retiens alors qu'il ne faut pas énerver l'homme-bête.
  
  “Et tu te contrôles pas quand tu te transformes ?”
  
  Cette discussion devient intéressante. Jamais je n'ai pu parler avec quelqu'un de cette manière. Qui sait ? Peut-être que les télépathes et les loups-garous sont fait pour s'entendre. C'est fort possible. Je souris à nouveau. Je me sens mieux. Pas vraiment bien mais mieux. Merci Dawson.

Je me posais une question, elle n'était pas contente d'avoir un don, ça se voyait qu'elle était mal ici, alors pourquoi était t'elle encore ici, rien ne la retenait à ce que je sache, pourquoi reste t'elle à Tsaoberaï ? Pourquoi elle ne pars pas ? J'avais ma petite idée, parce que si elle partait, elle serait obligé de subir les pensées des autres, mais d'un côté, c'était pour ça qu'elle était ici. Je levais les yeux au ciel. En tout cas, ce qui était sur, c'est qu'elle avait un don, et qu'elle allait devoir vivre avec quoi qu'elle en pense. Puis, elle me posa une question, non je ne me contrôle pas, sauf quand c'est moi qui m'oblige à me transformer.

Bah c'est que je me transforme rarement par hasard, si je me transforme, c'est qu'on m'a énervé, maintenant, je n'ai encore jamais mordu quelqu'un, je me contente juste de faire peur !!

• Ses paroles me firent rire. Se contenter de faire peur était déjà une bonne chose. Décidément, je commençais à réellement apprécier ce... Dawson. Son pouvoir lui donnait un air mystérieux. Même pour moi. Malgré tout, je savais ce qu'il pensait de moi. Je le sentais. Ses émotions avaient un goût de goudron frais. Ce qui signifiait qu'il était certains que je devais me faire à ce pouvoir. J'esquissai un sourire. Juste en coin. Mes yeux sont rieurs. Je remarquai que, malgré que ce jeune garçon ne soit pas particulièrement beau, il avait un certain charme. Non pas que j'en étais amoureuse. Non. Mais il aurait pu me plaire si je n'avais pas eu ce caractère. Il a des yeux si sombres que l'on pourrait croire qu'il ne dort jamais. J'ai comme l'impression qu'il... m'attire ?! Non. C'est impossible. Nous ne pouvons être qu'amis. Et encore. Je dois oublier ce visage presque angélique ; je ne l'aime pas.
  
  “Tu voudrais pas qu'on s'assoit ?”
  
  C'est vrai ; rester debout n'est pas très agréable. On parle mieux lorsqu'on est installé confortablement. Je n'ai pas besoin de bouger de beaucoup. Je m'accroupis près de l'arbre et m'assoit en m'adossant au frêle végétal. Je fais un petit sourire à Dawson pour l'inviter à faire de même. Je ne pense pas qu'il soit timide mais je peux inspirer la crainte parfois.

Je vois que j'avais réussis à; la faire rire, c'était déjà ça, ça me faisait plaisir. Puis, elle proposa de nous asseoir, oui ok, s'asseoir où ? Dawson regardais autour de lui, il n'y avait que des vieux débris, ça ne donnait pas trop envie enfaite. La jeune femme s'adossa au tronc de l'arbre & je fis de même, je n'allais pas jusqu'à m'asseoir sur les fesses, je restais juste accroupi. La jeune femme ne me déplaisait pas, parler avec elle était intéressant, elle était différente des autres & c'est ça qui me plaisais, les autres auraient eu peur d'elle, moi, elle ne m'inspire pas cette peur, au contraire, elle me donnait envie d'en savoir encore plus sur elle. Sauf que là, je ne savais pas quoi dire ni quoi lui demander, je mourrais d'en savoir plus sur elle mais je ne savais pas par où commencer. Puis je m'étais rendu compte que je ne connaissais même pas son prénom.

Au fait, tu t'appelles comment ?

• Je me mordis la lèvre. Le garçon s'était accroupi près de moi et me demandai à présent mon prénom. Je ne m'étais pas rendu compte que je connaissais son nom par le biais de ses pensées mais qu'il ne connaissait pas le mien. Je plissai les yeux et attendis un peu avant de répondre. Je pensais à tout et à rien. A vrai dire non. Je ne pouvais pas ne penser à rien. C'était impossible. Si moi je ne pensais à rien, ses pensées à lui s'infiltraient dans mon esprit. Je ne pouvais donc pas vider mon cerveau.
  
  “Melissa.”
  
  Je m'empressai de le prévenir que je connaissais déjà pas mal de choses sur lui. Dont son nom.
  
  “Et toi c'est Dawson c'est ça ?”
  
  Je souris à nouveau. Il ne devait pas s'attendre à ce que je connaisse son nom. Ou plutôt il s'y attendait trop et cela le mettait mal à l'aise. Je respirai à fond. Je détestais mon pouvoir ! Vraiment. C'était parfois pratique ; surtout lorsque je voulais soutirer des informations à des gens qui ne voulaient pas me les donner. Mais en ces circonstances, je n'aimais pas ça.
  
  “Tu veux que je remette mes écouteur pour pas pouvoir entendre tes pensées ?”
  
  Il avait le droit de dire oui. Sinon lui aurais-je proposé ? Mais en même temps, je le testais. S'il disait oui, cela signifiait qu'il ne me faisait pas confiance. S'il disait non, il me faisait confiance. Mais les deux réactions me satisferaient. L'une moins que l'autre. Mais quand même. Je m'en fichais pas mal.

Elle s'appelait Mélissa. C'était un prénom assez commun. Je souris, je n'étais même pas étonné qu'elle sache mon prénom, Elle avait du lire dans mes pensées, bah, je ne lui en voulais pas, si elle ne savait pas contrôler son don, c'était normal. Mais quand même, je n'aimerais pas être à sa place, je continuais de sourire & je dis " non " de la tête quand elle me demanda si je voulais qu'elle remette ses écouteurs, je ne voulais pas qu'elle se gêne à cause de moi, j'essayais de ne penser à rien pour éviter de lui donner la migraine.

Non ce n'est pas la peine, c'est plutôt à moi de faire attention.

• Je lui fis un sourire à la fois reconnaissant et un peu ironique. Je ne voulais pas qu'il croit qu'il était facile de gagner ma confiance. Vous allez dire que je suis difficile. C'est parce que je n'ai encore jamais eu d'amis. Aucun. Vous vous rendez compte ? Pour vous c'est impossible. Même lui, si je le lui disait, trouverait ça étrange. Pour les autres je suis trop différente pour qu'ils s'approchent de moi & essayent de me connaître. Pourtant je ne suis pas méchante. Du moins je ne crois pas. Bon, j'avoue que parfois je suis presque mesquine ou ingrate. Mais c'est mon caractère. Lorsque je m'ennuie, j'embête les autres. C'est comme ça. Je replie mes genoux et les encercle de mes bras. Une fois dans cette position, je peux poser mon menton sur mes mains liées et je suis tout à fait apte à accepter à peu près n'importe quoi. C'est une manière pour moi d'échapper aux pensées des gens. Je n'y arrive pas souvent. Très rarement même. Mais ici je suis loin de la ville et je n'ai que les pensées de Dawson à écarter de mon esprit. Mais d'habitude, à l'académie, je suis obligée de mettre mes écouteurs pour ne pas m'écrouler sous la douleur de la migraine. Je me rends compte qu'il y a une chose que je ne connais pas sur ce garçon : son âge.
  
  “T'as quel âge ?”
  
  Ma voix est enrouée, rauque et grave. Je n'ai jamais eu une voix très féminine, ni même un look ou un physique très féminins. Mais ça ne me déplaît pas. Je ne suis pas de ces filles qui passent leur temps à se remaquiller dans les toilettes de l'académie ou à regarder les fesses des garçons qui passent dans les couloirs avant de glousser et de s'extasier. Je n'ai jamais fais de pari pour savoir si je suis assez rapide pour draguer un garçon. D'ailleurs je ne suis jamais sortie avec personne. Mais je m'en fiche ; ce n'est pas mon but principal dans la vie. Je ne le considère d'ailleurs pas comme un but & ce qui considère cela comme tel sont des idiots.

Plus je parlais avec elle, plus je me rendais compte que cette fille n'était pas si bizarre que ça, c'était tout simplement une fille mal dans sa peau qui n'a pas dû avoir une vie facile, que voulez vous, y'a des gens qui n'ont pas de chance, c'est juste dommage qu'elle n'essaye pas de tout recommencer à zéro dans l'académie. Moi, elle me faisait de la peine cette fille, bien que je la connaissais depuis peu, je l'aimais bien, je ne savais presque rien d'elle mais elle m'inspirait confiance & d'un côté. Elle me demandais mon âge, je continuais à sourire, j'aimais être en sa compagnie, je me sentais bien, même si j'étais au milieu de débris aux côtés d'une fille renfermé sur elle même ;

J'ai 19 ans & toi ?

• 19 ans. Ce qui fait que nous avons 3 ans de différence. Je déglutis avec difficulté. Mais je me reprend vite. Son âge ne doit pas altérer mon jugement. Certainement pas. Il sourit toujours, dévoilant des dents blanches avec des canines légèrement plus longues que les humains ne possédant pas de pouvoir. Une brise fraîche me caresse le visage. Je ne frissonne pas. Je n'ai jamais froid. Un autre que moi aurait prétexté la fraîcheur de l'atmosphère pour se glisser dans les bras de Dawson. Répugnant. D'ailleurs je ne le connais même pas ! S'il n'avait pas été dans la même situation que moi, c'est-à-dire s'il n'avait pas eu de pouvoir, je serais partie directement. Mais là c'est autre chose.
  
  “16”
  
  Je n'aime pas faire de longues phrases. C'est inutile d'user sa salive pour ne rien dire. Je préfère être claire. Si j'utilise de longues phrases ce n'est que pour déstabiliser la personne qui est en face de moi. Rien d'autre. Alors j'emploie des mots compliqués, mystérieux et parfois j'en invente. Mais pour lui je n'ai pas envie de jouer à ce jeu. Non. Je veux juste savoir ce que ça fait d'avoir un ami. Rien qu'un seul.
  
  “Tu t'es jamais battu alors ?”
  
  Je ris intérieurement. C'était trop stupide de poser cette question alors qu'il m'avait déjà dit qu'il n'avait jamais mordu personne. Mais après tout mordre ne signifie pas se battre. Il était donc tout à fait plausible que Dawson se soit battu sans mordre son adversaire. Je haussai les épaules et le fixai presque trop intensément. Qu'est-ce qui me prenait ?!

Alors comme ça, elle avait 16 ans, nous avions donc 03 ans d'écart. Quelle importance de toutes façons ? Puis, elle me demandais si je m'étais déjà battus, sous ma forme lupine, non, jamais, je me contentais juste de faire peur, normalement, ça suffit. Mais après, personne ne m'avait re-provoquer donc je ne pouvais pas savoir jusqu'où je pourrais aller.

Pour le moment, jamais.

Je me relevais, je commençais à avoir des picotements dans les jambes & ça devenait vite désagréable. Je fis quelques pas en tournant en rond, histoire de me dégourdir les jambes. Là, je ne savais pas trop quoi dire, j'avais aussi peur de faire un faux pas, vous savez, avec des filles comme Mélissa, il fallait faire attention à ce qu'on disait. Je continuais à sourire bêtement en essayant de chercher quelque chose à dire.

• J'avais donc bien entendu. Il ne s'était jamais battu. Je lisais dans ses pensées. Je sentais la peur de ses anciennes victimes. Je savais que personne n'osait l'approcher après l'avoir rencontrer une fois. La crainte des gens me fis soupirer. Le monde est peuplé d'idiots et je le sais bien. Mais de là à ne plus vouloir côtoyer quelqu'un comme Dawson à cause d'un pouvoir qu'il ne peut contrôler... c'est pitoyable ! Le loup-garou ne tient plus en place. Il se lève et tourne en rond comme un lion en cage. Je me rend compte que le pouvoir que l'on possède influe sur notre caractère. Lui peut se transformer en une bête monstrueuse & il ne peut pas rester en place plus de cinq minutes. Moi je dois me concentrer pour bloquer le flux des pensées des autres & je suis de nature calme.
  
  “Et t'aimerais ?”
  
  Je ris intérieurement. Mes questions ne riment à rien & pourtant je sais que si je ne parle pas il va falloir que je m'en aille. J'ai toujours beaucoup de mal à engager la conversation avec les autres mais je ne sais pas pourquoi avec Dawson cela s'est fait tout naturellement. C'est trop étrange pour que je me casse la tête à essayer de comprendre. Toujours est-il que je ne peux pas m'arrêter de parler sans quoi je ne pourrai plus le faire. Pas pour toujours bien sûr. Mais ce sera comme une coupure de courant dans ma gorge et je devrais m'en aller pour ne pas paraître idiote. C'est trop bête...

Si j'aimerais ? Je n'en sais rien. C'est vrai que des fois, c'est pas l'envie de mordre qui me manquait, mais j'avais confiance qu'avec mes crocs, je pourrais lui arracher la main dans un exès de colère, et perdre une mains, j'imagine que ca ne devait pas être top, donc je m'abstenais, des fois, je les poussais avec mes côtes en fourrure, ça réussis à leur faire mal un peu mais généralement, rien de casser, ou juste quelques fractures, puis je ne voulais pas me faire virer pour violence à autrui. Je haussais les épaules & répondis franchement à Mélissa ;

Des fois, oui, j'en ai envie mais bon, je m'abstiens.

Je continuais de tourner en rond. Je ne savais toujours pas quoi dire, Mélissa était très mystérieuse, mais j'aimais ça, j'aurais pû partir sans rien dire mais je n'en avais aucune envie. Au contraire, j'avais envie de rester avec elle, je ne savais pas pourquoi, quelque chose en elle ... m'attirait. Non pas que j'étais amoureux, on ne tombe pas amoureux en quelques paroles, mais bon. Je souriais & je me tourna vers elle & lui demandais ;

Comment as tu découvert ton don ?[/justify]

• Je grimaçai. Non pas parce qu'il venait de me dire qu'il lui arrivait de vouloir mordre quelqu'un mais parce qu'il m'avait posé une question que je redoutais depuis toujours. Je déglutis. J'étais prête à réfléchir. Mais étais-je prête à lui livrer la réponse qu'il attendait ? Je ne le connaissais pas. Je ne savais rien d'autre de lui que son nom & autres banalités. Je détestais par dessus tout raconter ma vie. Et pourtant je savais qu'il bouillait à l'idée de la connaître. Je déglutis à nouveau, cherchant avidement une échappatoire. Mais il n'y en avait aucune. Et je le savais très bien. Lui souriait toujours, attendant patiemment ma réponse. N'avait-il pas dit que sa métamorphose avait lieu lorsqu'il se mettait en colère ? Franchement je n'avais pas du tout envie de me retrouver face à un loup-garou prêt à me briser tous les os du corps. Je n'avais donc aucun autre moyen que de répondre à sa question. Je poussai un soupir et plongeai mon regard dans le siens. Un goût de frite bien grasse réveilla mes papilles gustatives. Il m'encourageait par la pensée. Il n'y avait donc aucun moyen d'en réchapper...
  
  “Ok. J'te préviens c'est pas super heureux comme histoire. Mais enfin... Je fermai les yeux pour me remémorer mon passé. Mon don de télépathie me venait en aide ; sans savoir que je n'en avais pas envie. Quand j'ai eu 6 ans, je suis devenue super renfermée et je parlais plus à personne. Mes parents se sont inquiétés et j'ai dû aller voir des tas de psy'. Mais je parlais toujours pas alors ils ont fini par laisser tomber. Ils croyaient que j'étais autiste. Je ricanai. C'était vraiment trop bête... J'avais des migraines sans arrêt & je faisais tout le temps des cauchemars. Et un jour j'ai touché le bras de ma mère & ses souvenir m'ont fait souffrir. C'est là que j'ai su que j'étais... télépathe.”
  
  Je soufflai. Je venais de dévoiler une partie entière de ma vie à ce garçon alors que je ne le connaissais que depuis quelques minutes. Ou était-ce quelques heures ? Le temps était libre & je n'arrivais plus à savoir combien de temps s'était écoulé depuis que Dawson m'avait touché l'épaule. Je frissonnai à ce souvenir désagréable. Et pourtant j'avais mon manteau, les pensées ne pouvaient pas toucher ma peau.

Elle était sur le point de tout me raconter & ça avait commençai plutôt mal, pas très beau comme histoire, je ne savais pas pourquoi mais je me doutais que sa vie avant la découverte de son pouvoir n'avait pas été très rose, il n'y avait qu'a voir le personnage, puis je doutais que ce soit son don qui les fait devenir comme ça. Je continuais de sourire, un sourire un peu rassurant, je n'allais pas aller crier son histoire sur tous les toits. 6ans, renfermée,psy,autiste,migraines,cauchemars,mère,souvenirs,souffrir,télépathe. Tout ça quoi, oui, ce n'était pas très beau comme histoire, j'aurais voulu la prendre dans mes bras mais je n'osais pas la toucher, je ne disais rien, reparler de cette histoire devait la faire souffrir.

Ça n'a pas dû être très facile ! Je suis désolé pour toi.

• Non. Ça n'a pas été facile. Ça ne l'a jamais été. Si tu n'avais pas été là j'aurai versé une larme. Minuscule. Mais ça aurait suffit. Sauf que tu es là et que je ne peux pas pleurer devant toi. Pleurer. C'est quand même un bien grand mot. Une larme ce n'est pas grand chose. Mais un goût de tulipe mélangé à celui d'une rose qui vient d'éclore envahit ma bouche et je tire de mes pensées. Je lève la tête vers lui et le regarde d'une façon étrange. Dans ses yeux brille une lueur réconfortante. Alors je comprends. Une image de deux corps entrelacés me traverse l'esprit. Je fronce les sourcils et secoue vivement la tête. Non ! C'est impossible. Je ne peux pas croire qu'il pense à... Mais après tout il en a le droit. Je ne suis pas censée savoir ce qu'il pense. Ou plutôt je ne le pourrais pas si je n'avais pas ce foutu don ! J'arrache une touffe d'herbe. L'herbe. Elle est rare ici. En fait je crois que je viens d'arracher les derniers brins. Je les rejette plus loin et regarde à l'horizon. Après l'image qui vient de me traverser l'esprit je n'ose plus le regarder. Mais j'ai sûrement mal interprété ses pensées.
  
  “Non. Ç'a été dur. C'est clair.”
  
  Je soupire. J'ai envie de m'enfuir en courant. Et pourtant une force invisible me retient clouée au sol. Même si je mettais toute ma volonté pour me lever je ne le pourrai pas. Ou est-ce parce qu'au fond de moi je n'ai pas envie de me lever. Je pousse un nouveau soupir et je ferme les yeux. Mes jambes sont étendues devant moi ; je les ramène contre moi et les serre en les entourant de mes deux bras. Je plisse les yeux le plus fort que je peux. Cette image n'était qu'une idée futile qui lui a traversé l'esprit. Il aime une fille de l'académie et il s'est imaginé en train de la câliner. Ce n'était pas moi. Je me répète cette phrase. Plus de cent fois. Le froid s'insinue dans mon corps. Je frissonne. Je ne peux pas rester plus longtemps. C'est trop étrange. Pas assez glauque. Je n'aime pas. Pourquoi est-ce toujours sur moi que ce genre de chose tombe ?! Je serre les dents et une minuscule larme coule de mon œil et roule sur ma joue. Je l'essuie rapidement pour qu'il ne la voit pas. Et pourtant je sais qu'il l'a vue. Je le sens. Comme un goût de sueur sur la langue...