Comme un bourdonnement.... [PV Gauche]

Roda était à mes côtés et observait les gens qui passaient. J'aimais la voir tourner la tête et les oreilles dans tous les sens. C'était plutôt marrant. Mais, elle se mit à grogner et bondit dans un buisson. Je soupirai et me levai du banc. Je fis quelques pas et l'appelai. Elle revint en trottinant, l'air heureuse. Je lui souris et m'arrêtai derrière la cafétéria. J'avais envie d'un peu de calme pour le moment. Je m'adossai au mur et fermai les yeux. A ce moment là Roda se mit à grogner et je sentis quatre présences. Je me redressai et ouvris les yeux, déjà les types étaient autour de nous. Ils me regardaient et me demandèrent mon argent. L'ombre d'un sourire étira mes lèvres. Si au moins j'avais de l'argent... Roda grogna et montra ses crocs. Les hommes rigolèrent et dirent que ce n'était pas une vulgaire chienne qui allait les arrêter. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire tandis que mes poings se serraient. Déjà des nuages commençaient à envahir le ciel bleu.

L'homme le plus gros leva le bras comme pour me frapper. Je levais un sourcil et observai le bras sans peur qu'il m'arrache la tête. Qu'il essaie de me toucher juste pour voir. Mais un autre homme intervint. Je poussai un soupir. On insultait Roda et je n'avais pas le droit de la défendre ? Je croisai mes bras sur mon torse et Roda s'assit. Si l'homme croyait que j'allais l'aider, il pouvait aller voir ailleurs. Tout fut fini en peu de temps. Les hommes se tordaient sous la douleur et le dernier s'enfuit. S'il croyait que j'allais le laisser faire sans rien dire. Les nuages se dissipaient déjà mais ce n'est pas d'eux dont j'aurai besoin. Je me concentrai et, alors que l'homme passait sous un arbre, il trébucha sur une racine et se cogna la tête sur le sol. Il tomba dans les pommes. Satisfait, je m'accroupis pour caresser Roda. Je me relevais quand mon ''sauveur'' arriva.

''Tu n'avais pas besoin de gaspiller ta force pour moi. Viens, Roda.''

Sur ces mots, je tournai les talons. Mais Roda n'avait pas envie de bouger. Elle resta assise devant l'homme aux cheveux oranges. Je grommelai une phrase inintelligible entre mes dents et me retournai. Si Roda voulait rester, je ne devais pas partir. Je devais rester. Même si je n'avais pas envie. Je soupirai et observai les alentours, sans jamais regarder l'homme. Roda, elle, ne le quittait pas des yeux. Elle le fixait de ses yeux violets comme si elle voulait lire en lui. Je glissai mes mains dans mes poches et attendis qu'elle veuille bien se lever.

Je ne comprenais pas pourquoi Roda voulait rester. Elle voulait voir encore un gars m'insulter ? M'humilier ? C'est pas que j'aime pas ça, mais un peu quand même. C'est énervant à force. Je ne vois pas ce qu'il y a de marrant à insulter quelqu'un juste parce qu'il est différent des autres. N'a-t-on pas le droit d'être différent ? Même pas un petit peu. Roda ne bougeait toujours pas, pareil à une statue de pierre. De mon côté, je commençai presque à regretter l'hôpital. Au moins là-bas on ne me faisait pas chier. On me laissait tranquille. A part le fait que je ne pouvais pas aller dehors mais sinon c'était plutôt cool. J'effleurai du bout de mon index la légère cicatrice sous mon œil droit. Mes yeux violets retombèrent sur l'homme avec étonnement. Il ne voulait pas nous emmerder ? Mes joues rougirent très légèrement et je baissai la tête sous le poids de la honte.

''E-excuse moi. Je n'ai pas l'habitude qu'on s'intéresse à moi à part pour m'insulter. Moi c'est Gauche et voici Roda.''

Je relevai la tête et souris. Mes joues étaient redevenues entièrement blanches et ma honte s'en allait pour hanter quelqu'un d'autre. Je m'accroupis pour caresser Roda. Elle s'ébroua et leva la tête vers moi. Je lui souris, assez content qu'elle ne fixe plus Ichigo. Elle posa sa tête sur mon torse en fermant les yeux. J'arrêtais de la caresser pour me relever et observer autour de nous. Là, le jeune homme était assis sur le sol et je ne suis pas sûr que ce soit vraiment très confortable. Je me rappelle que le sol de l'hôpital ne l'était pas du tout mais la chaise était pire. Je passai des heures devant la fenêtre à regarder la vie dehors en espérant un jour pouvoir sortir et jouer comme les autres garçons de mon age. Finalement, je suis sorti bien tard mais Roda était venue me trouver. C'était le plus beau cadeau qu'on m'ait fait quand j'étais là-bas. Parce que, elle, elle vient de dehors, elle est vivante, et elle me faisait bien rire. Mais tout ça, c'était il y a bien longtemps. Maintenant c'est un tout autre monde. Je reposai mes yeux violets sur Ichigo et lui tendis ma main.

''Ne préfères-tu pas t'assoir dans l'herbe ou sur un banc ?''