La Vie et la Mort. La Joie et la Haine. [pv au premier qui poste]

Dans le miroir, que voyais-je ? Une jeune femme, heureuse ou triste, je ne saurais le dire. Une femme, jeune et belle, aimée pour sa gentillesse. Une femme, jeune et naïve, appréciée pour son intelligence. Une femme comme il y en a tant. Une femme que j'ai connu. Mais cette femme, ce n'est pas moi. Elle n'est plus moi. Je n'aime pas ce reflet dans le miroir. Ce reflet qui ne me ressemble pas. Si je devais me décrire maintenant ? Une jeune femme, belle ou laide, je ne saurais le dire. Une femme, jeune et folle, méprisée pour sa différence. Une femme, jeune et différente, redoutée pour sa folie. Une femme comme il y en a peu. Une femme que je connais. Cette femme, c'est moi. Voilà, à peu près, ce que je vois dans un miroir. Je vois ces deux facettes de moi. Je vois Ellana, je vois Elena. Deux personnes, pourtant, nous sommes trois. Naïa, je ne peux pas la voir dans le miroir. Mais je la sens dans les battements de mon cœur, dans le souffle de ma respiration, dans la force de mes bras, dans la douceur de ma peau et dans la beauté de mes cheveux d'ébènes. Elle est là mais elle n'y est pas. Nous sommes trois et nous sommes qu'une.

Pourquoi penser à tout ça maintenant ? Ce n'est pas mon problème pour le moment. Je ne suis pas devant mon miroir pour savoir combien de personne habite mon petit corps de femme. Je suis là pour cette petite chose dans ma paume. Ce petit comprimé blanc. C'est lui, le centre de tous mes soucis, le cœur de ma peur. C'est lui, qui me fait grogner, qui me fait frissonner. C'est à cause de lui que je suis ici et que je nous contemple dans le miroir rayé et cassé. Ce miroir que je hais de tout mon cœur. Ce miroir qui me montre ce que je ne veux pas voir. Ce miroir qui me rappelle que je suis seule et que derrière moi il n'y a personne. Il n'y a aucune main sur mes épaules, aucun bras pour me soutenir. Il n'y a que moi. Personne d'autre. Ni Jin, ni Liza. Personne. Je suis seule. Nous sommes seules. Et nous devons faire ce que nous détestons faire. Ce que nous faisons pour eux et non pour nous. Il paraîtrait que ce comprimé est ma vie. Le rejeter serait rejeter ma vie. N'est-ce pas mieux si je le rejette ? Dois-je vraiment le prendre ? Va-t-il vraiment me garder en vie et soigner ma maladie ? Je tremble, j'ai peur. Depuis le début, je ne rêve que d'une chose, mourir. Maintenant, j'aimerais vivre avec mes amis. Suis-je idiote ? Peut-être. Peut-être pas. Ce comprimé est ma vie ? Alors je le ferais. Pour nous. Pour eux.

''Liza, je sors. Fais comme d'habitude, je ne devrais pas être trop longue aujourd'hui. On se verra plus tard d'accord ?''

La jeune femme inclina la tête pour montrer son accord. Ses cheveux roux tombèrent devant son visage en une cascade de feu et d'or. Liza savait que même si je lui tournai le dos à cet instant, j'avais sentis son geste. Mes doigts se crispèrent plus forts sur la barrière du balcon. J'observai le vide juste en dessous de moi. J'étais assise au dessus de l'herbe, immobile, prête à me laisser glisser de la barrière pour atterrir quelques mètres plus bas. Je jetai un coup d'œil à Liza et découvris son visage étonné devant le manque de deux comprimés sur la plaquette de médicaments et l'absence de sang sur le sol. Je souris et glissai, profitant de la chute pour me transformer. J'atterris avec souplesse, sentant à peine la caresse des herbes. Je fis quelques pas lent pour apprécier comme il se doit ces foulées gracieuses, souples et légères. J'ouvris ensuite les yeux et m'ébrouai. Maintenant c'est tata Naïa qui prend le contrôle et ça va chauffer pour vous !

Je sautai chaque paquet de marche sans réel effort. Je n'avais pas eu envie de passer par le balcon cette fois, ça fait trop de bruit. Arrivé au bon étage, je courus jusqu'au fond du couloir et poussai la porte du museau. Je fis passer mes épaules avant de m'arrêter pour observer le lit sur le sol. Liza dormait profondément sur mon lit. Je penchai légèrement la tête sur le côté avant de faire marche arrière et d'essayer de fermer un peu la porte. Sans grand succès. Je partis ensuite, direction le hall du bâtiment. J'arrivais en bas et remarquai un jeune homme qui n'était pas là tout à l'heure. Je m'approchai silencieusement et entendis une musique dans ma tête. Elle provenait de ce petit objet qui reposait sur ses jambes. Il avait les yeux fermés et ne bougeait plus, assis contre le mur. Je ne comprenais pas les paroles de la chanson alors je m'approchai de plus près. Quand je les compris, je me trouvai juste devant l'homme. Je pris l'appareil dans gueule et le cassai d'une simple pression.

L'homme ouvrit les yeux et il vit une grosse panthère avec son ipod en miettes dans la gueule. Cette vision ne du pas lui plaire car il se leva d'un seul coup et sortit un couteau de son sac ouvert. Je me transformai et reculai jusqu'à l'autre mur, protégeant mon visage avec mon bras droit levé. L'homme fit une profonde entaille dans ma paume en jetant toute une série de jurons. Les larmes traçaient des sillons noirs sur mes joues blanche en emportant mon maquillage. Mon corps se mit à trembler quand je vis ses yeux haineux posés sur moi et je me recroquevillai un peu plus contre le mur. Ma respiration s'affola en même temps que les battements de mon cœur. Je ne cessai de trembler et de pleurer, serrant très fort ma main ensanglantée contre ma poitrine. L'homme poussa une dernière insulte et partit d'un pas rageur. J'aurai fini allongée sur le sol en train de faire une crise d'épilepsie si Naïa n'avait pas eu la bonne idée de m'obliger à me transformer. Je me mis alors à grimper les marches sur trois pattes, gardant ma patte avant droite bien calée contre mon corps.

Je ne pus monter qu'un paquet de dix marches environ avant de devoir m'approcher du mur et de m'écrouler. Je sentais encore la peur de l'homme, la peur de la crise. Ma respiration ne s'était pas apaisée, mon cœur non plus. De temps en temps, des larmes s'accrochaient à mes poils noirs pour ensuite tomber lourdement sur le sol. Je m'allongeai correctement, cachée dans l'ombre, même si une trainée de sang allait jusqu'à moi. Mon ventre se soulevait très rapidement et je n'arrivais pas à me calmer. Si quelqu'un avait la mauvaise idée d'allumer la lumière, je n'aurai nulle part où me cacher. Mais pour le moment, je suis seule et blessée, incapable de redevenir humaine. Les paroles de la chanson tournaient encore dans mon esprit et faisait monter la rage en moi. Elles ne voulaient pas partir ce qui m'empêchait encore plus de me calmer et de redevenir humaine.

J'entends des pas mais je ne sais pas d'où ils viennent. Quelqu'un s'approche, quelqu'un s'éloigne. Comment le saurais-je ? Et surtout, ai-je envie de le savoir ? Il y a quelqu'un. Bien. Qu'il vienne. Qu'il me voit allonger sur le sol. Qu'il s'approche. Qu'il me touche. Qu'il me blesse. Qu'il me porte. Qu'il fasse ce qu'il veut de ce corps de panthère. Je m'en fous. Ca n'a pas d'importance pour moi maintenant. J'ai entendu cette chanson, j'ai sentis ces odeurs. Il semblerait que je devais entendre, que je devais sentir. Il semblerait que ma fin soit celle-là. Ma raison m'a déjà quitté, mais il me reste ma folie et ma vie. Enlevez-les moi, aucune importance. Que mes amis vivent en paix et heureux. Moi je m'en vais.

Je n'ai plus rien à faire ici. Il ne me reste plus que ma haine et ma force. Que ferais-je avec ça ? Je n'arrive même pas à me contrôler. Je les blesserais si je les approche. Mon cœur me semble trop fragile. De toute façon, je m'en fous. Qu'il soit fragile, qu'il soit lourd ! Aucune importance. Car je vais m'en aller avec la certitude de laisser derrière moi un Jin heureux et une Liza heureuse. Naïa sera libérée et pourra courir autant qu'elle le veut, autant qu'elle le peut. Jin pourra prendre dans ses bras celle qu'il choisira, sans risquer de se faire mordre le bras. Liza pourra sourire et rire avec les amis qu'elle aura. Le monde sera heureux et joyeux, et moi, d'en bas, je rirais de mon malheur, j'essaierais de comprendre le pourquoi qui me tracasse. Tout ceci n'est pas vrai n'est-ce pas ? Je ne mourrai pas aujourd'hui, Jin ne pourra pas être heureux, Liza ne pourra pas sourire, Naïa ne pourra pas courir. Le monde sera sombre et ma vie, détruite, continuera sa course vers la Mort, sans jamais l'atteindre. Je pense à Jin. Je pense à Liza. Je pense à Naïa. Je pense à la malédiction qui fut rejetée par la Mort pour venir maudire les humains tout en ayant peur d'eux. Je pense à cette malédiction qui n'est ni la mienne ni la leur. Elle est tout simplement moi. Et je suis elle. La malédiction sous forme humaine.

Les pas étaient plus proches, ils semblaient lourds et légers à la fois. En vérité, je n'arrivais pas à les entendre très bien. Il faut croire que je n'étais pas entière Naïa cette fois là. Je fermais les paupières, espérant que les pas s'arrêtent où s'éloignent. Mais je les entendais s'approcher. Comme une moquerie devant mon état, ils se trainaient sur le sol en riant. Une ombre apparut en haut des escaliers, elle s'approchait de moi. Mais elle ne pouvait pas me voir, pas encore, je ne pense pas. Elle devait venir pour l'interrupteur au dessus de ma tête. Quand elle s'arrêta à quelques pas seulement de moi, je me collai un peu plus au mur et me mis à grogner. Grognement menaçant. Je cessai ce grognement pour plisser les yeux et parler de cette voix cassée et froide comme la mort qui est celle de Naïa.

''Approche et tue-moi. Ou pars et oublie-moi. Mais ne fais pas l'erreur de m'aider ou tu risques de le regretter.''

Je fis claquer mes mâchoires puis posai ma tête sur le sol en fermant les yeux. La chanson revint, beaucoup plus forte. Ma haine augmenta encore. Je me remis à grogner, grognement dix fois plus menaçant. Je ne voulais pas vraiment faire ça, mais ce grognement exprimait ma haine, alors il sortait tout seul, sans que je puisse l'arrêter. C'est Naïa qui veut grogner alors elle grogne. Mais nous sommes deux à nous énerver. Elle et moi. Cette chanson me rappelle qui je suis, sans que j'arrive à savoir pourquoi et comment. Cette chanson est pourtant incompréhensible, sans importance et idiote. Peut-être suis-je cela moi aussi. Une femme incompréhensible, sans importance et idiote. Oui, ce doit être ça le vrai problème de ce monde. Ce doit être moi.
Et les paroles sont toujours là, dansant devant mes yeux fermés. Captant le moindre brin de lumière passant à travers mes paupières fermées pour mieux briller. Je ne peux que fermer les yeux plus fort et prier pour que la Mort soit plus calme que ce monde de souffrances.

Naïa avait décidé de faire une chose que je ne pouvais pas accepter. Elle avait décidé de nous endormir pour que l'on oppose aucune résistance. Puis, à son tour, elle avait fermé les yeux pour se déconnecter. Je réussi à prendre le contrôle de son corps pendant quelques instants. J'avais sentis ce bras qui se tendait vers l'interrupteur, ce bras qui se rapprochait du corps de Naïa. Je lui fis ouvrir la gueule et faillis lui ordonner de la refermer sur cette main. Mais grâce au contrôle que j'avais sur la tête de la panthère, je pus sentir une odeur. Je relâchai tout, retombant dans le sommeil que Naïa m'avait imposé. Elle s'était réveillée en sentant le contrôle que j'avais eu sur son corps. De très peu bonne humeur, Naïa avait grogner dans ma tête et m'avait endormi. C'est un peu comme si quelqu'un vous donnait un coup de boule. Il faut avouer que ce n'est pas très agréable, surtout de la part d'une panthère.

Je sentis une main dans mes cheveux. Cheveux ? Non, une main caressant les doux poils de Naïa. Je pris alors conscience du corps que j'avais actuellement. Je n'arrivais pas bien à comprendre pourquoi Naïa n'était pas consciente alors que c'était son corps, ni pourquoi je l'étais aussi deux secondes plus tôt. Je pris alors possession de son corps et me transformai pour redevenir Elena. J'étais allongée sur le dos, mais où ? Je me redressai d'un seul coup en ouvrant les yeux. Je cessai de respirer quand je vis où j'étais. Ca ne ressemblait pas du tout, mais alors pas du tout à mon appartement. Et si j'en crois mes souvenirs, j'étais dans celui de Jin. Les yeux écarquillés par la surprise, je regardai tout autour de moi. Mon regard tomba sur l'homme à côté du canapé et mes yeux s'agrandirent encore un peu.

Je ne réfléchis pas plus longtemps et me jetai au cou de Jin, me serrant contre lui. Je vis alors le bandage autour de ma main et une douleur dans ma tête me ramena tous mes souvenirs. Je me rappelais de l'homme, du couteau, de la chanson, des odeurs, de tout. Mon corps se mit alors à trembler. Je me détachai de Jin et m'assis sur le canapé, fuyant son regard. Je n'avais pas le droit de rester contre lui comme ça. Mes mains se posèrent sur mes genoux et serrèrent ma robe nerveusement. Je savais que je n'avais pas le droit et je l'ai quand même fait. Mon corps continuait de trembler, j'avais encore peur du regard de cet homme, de sa lame entaillant ma peau blanche. Je regardai alors le bandage autour de ma main et la serrais contre ma poitrine en la cachant avec mon autre main. Je me rappelai avoir fait ça aussi devant l'homme. Je retirais mes mains pour découvrir ma robe toute tachée de sang là où, deux secondes plus tôt, j'avais posé mes mains. Je me levai et reculai de quelques pas, baissant la tête et chiffonnant ma robe entre mes doigts. C'était rare que je n'arrive plus à faire un seul geste mais là maintenant j'étais vraiment pétrifiée par mes erreurs. Je relevai la tête et croisai son regard pendant quelques secondes. Je me mordis la lèvres inférieure et levai légèrement ma main bandée.

''Je ne veux pas te déranger plus. Je ... Merci pour …''

Je levai la main un tout petit peu plus haut, ne pouvant faire davantage. Je reculai encore, regardant les mouvements de ma robe à chacun de mes pas. Elle bougeait sans cesse, même quand je m'arrêtais mais que mon corps continuait de trembler. En vérité, j'avais un peu peur de sortir de l'appartement maintenant. Et si l'homme m'attendait derrière la porte ? Je déglutis péniblement et entrouvris très légèrement la porte pour voir s'il n'était pas là. Ne voyant personne, je l'ouvris juste assez pour faire passer mon corps fin et refermai jusqu'à coincer mes doigts, ne voulant pas toucher la poignée. Je fis un pas sur le côté et me plaquai au mur. Ma respiration était très rapide et mon cœur faisait un bond au moindre bruit.

Je me laissai glisser le long du mur pour me recroqueviller sur moi même. Je posai mes mains sur mon visages, cachant les sillons noirs de mon maquillage sur mes joues blanches et écartant juste assez les doigts pour pouvoir regarder autour de moi. Mon corps continuait de trembler et j'étais sans cesse parcourus de frissons glacés alors que ma nuque était en feu. Naïa voulait éviter une crise d'épilepsie. J'aurai bien répondu à son appel mais j'avais juste la force d'avoir peur. Liza dormait profondément dans mon appartement et je n'avais pas envie de déranger Jin. Surtout que je n'avais pas le droit de le toucher maintenant. Je restais alors dans le couloir, tremblant comme une vulgaire feuille. Incompréhensible, sans importance et idiote, n'est-ce pas ?

Un bruit venant de l'appartement de Jin me fit sursauter. Je plaçais mes mains sur mes oreilles et fermai forts les yeux. J'avais peur que ce soit de ma faute. J'entendis des pas et appuyai plus fort sur mes oreilles. Mais je les entendais toujours autant. A croire que Naïa s'est réveillée. Mes tremblements ne cessaient pas, je n'arrivais pas à enlever le regard flamboyant de haine de cet homme en bas. Maintenant, je ne passerais plus jamais par le hall de ce bâtiment. Je vais peut-être même ne plus sortir du tout de mon appartement. Au moins je passerais des moments avec Liza au moins. Je laissai retomber mes bras et attrapai mes chevilles pour ramener mes pieds plus contre moi. Ils étaient nus et le sol n'était pas très chaud. Je baissai la tête, frissonnant en sentant la caresse de mes cheveux glissant sur mon visage.

La porte s'ouvrit pour laisser passer Jin. Je n'ouvris pas les yeux, pensant très fort qu'il allait juste passer pour aller là où il devait aller avant de me trouver dans l'escalier. D'un seul coup, le bruit de ses pas s'arrêta pour laisser place aux battements de son cœur et au souffle de sa respiration. Je fermai encore plus fort les yeux. Il allait partir, n'est-ce pas ? Naïa grogna dans ma tête pour me sermonner. Elle me disait d'arrêter mes conneries. Mais, quelles conneries ? Je ne comprenais pas. Elle grogna, soudain énervée, agacée. Mes tremblements s'accentuèrent. Qu'avaient-ils tous à être énervé aujourd'hui ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Je sentis quelque chose me toucher et je sursautais une nouvelle fois. Ma respiration se coupa et je commençai à paniquer. Puis les bras de Jin se refermèrent sur moi et j'ouvris brusquement les yeux. Je commençai à me tortiller dans tout les sens, essayant de me dégager. Il ne fallait pas ! Je cessai tout mouvement quand j'entendis un mot dans sa phrase. Il résonna dans ma tête et calma mon cœur.

''Amis ?''

Un sourire étira mes lèvres. J'acquiesçai vivement de la tête en souriant. Je posai mes mains sur ses bras pour resserrer son étreinte et me blottir contre lui. Je n'arrivais pas à oublier ce qu'il venait de se passer deux étages plus bas. Ce regard, ce geste, ce couteau, mon sang. Je levai ma main à hauteur de mon visage et passai un doigt sur le bandage. Ca faisait un moment que je n'avais pas sentis la caresse de ce genre de textile. En fait, la dernière fois, ce devait être quand j'avais dix sept ans, il me semble. Une entorse au poignet, alors on m'avait fait un bandage pour m'empêcher de bouger trop le poignet. Ah non ! La dernière fois, c'était dans l'hôpital, mais le bandage était tout autour de mes hanche et de ma cuisse gauche. Je frissonnai à se souvenir. Je repoussai gentiment Jin et me relevai pour lui faire face. Je fronçai les sourcils.

''Elle est d'accord ?''

Jin se releva et croisa les bras sur son torse. Je le regardai faire, attendant une réponse. Je n'entrerais pas tant qu'il ne m'aurait pas répondu. Mon regard glissa sur la porte de ma chambre et revins sur Jin quand il me répondit. Je souris. Il posa sa main dans mon dos et me poussa gentiment à l'intérieur. Il ferma la porte à clé ce qui me fit sursauter. Je cherchai des yeux une autre sortie et vis le balcon ouvert. Je respirai plus calmement après avoir soupiré. Je restais immobile là où il m'avait poussé, n'osant pas trop faire quelque chose. C'est bête je sais. Jin était assis sur le canapé, il m'attrapa et m'attira à lui. Je me laissai faire sans réagir, un peu perdue à vrai dire. Il me mit sur ses genoux et me souris. Je fis de même, contente que je puisse ne penser à rien et surtout pas à l'homme dans le hall. Je me laissai aller contre Jin quand il me prit dans ses bras puis me redressai. Je posai ma main sur la tache de sang sur ma robe. A vrai dire, ça me gênait un peu. Je tournai mon visage vers Jin pour lui répondre, ne faisant pas attention au baiser qu'il avait déposé sur ma joue.

''Ca va ! Non, je ne pourrais pas te gifler Jin ! Et toi, tu vas bien ? Et Nina ?''

Je passai une main sur mon front, ayant toujours un petit peu mal à cause de Naïa. Quand je suis dans son corps ça ne me fait pas mal, mais quand je suis moi. Ce n'est pas très agréable. Ma main glissa sur ma joue et je sentis la très très légère cicatrice qu'il me restait des quatre griffures que je m'étais fait sans le vouloir. Ca ne se voyait même plus sur ma peau blanche ! Je souris à Jin et baissai la tête pour regarder la tache de sang sur ma robe. Je fis une grimace dégoutée, quel gâchis ! Mais je ne pouvais pas rentrer à mon appartement, sinon j'allais réveiller Liza. Je relevai la tête et me serrais contre Jin. Je déposai un baiser sur sa joue comme il avait fait, mais plus, comment dire, plus furtif. Oui voilà. Je n'étais pas encore vraiment rassurée mais ça allait passer. Je me blottis un peu plus contre lui en souriant.

''Le directeur ?''

Je me redressai et fixai Jin dans les yeux. Il avait laissé Nina chez le directeur ? Je frissonnai. Ce n'est qu'un beau parleur, un traitre. C'était pourtant un des seuls à qui je faisais confiance après Jin et Georges. Je passai ma main dans ma nuque pour effleurer mon tatouage. Je souris légèrement, ordonnant à mes sentiments de rester de côtés. Je n'avais pas envie de m'énerver alors que j'étais de nouveau en compagnie de Jin ! Sa main dans mes cheveux agrandit mon sourire. Il vint ensuite caresser mon dos et une très légère inquiétude me tordit le ventre. Mon ami me déposa sur le canapé et je souris, attendant son retour en observant l'appartement comme si c'était la première fois que je venais là. Je me pliai en deux pour toucher la table basse du bout de mes doigts. Je me redressai quand il revint et tournai la tête vers lui. Je me relevai du canapé et m'approchai de lui doucement. Je touchai la robe du bout des doigts.

''Elle est très belle ! L'essayer ? Maintenant ? D'accord. Je …''

Je lui montrais une salle du doigt, me rappelant que c'était dans cette salle de bain que j'avais vomit la dernière fois. A ce souvenir un long frisson désagréable courut dans mon dos. Je pris très délicatement la robe, faisant attention à ne pas l'abîmer. Je fermai la porte derrière moi et n'eus besoin que d'un mouvement pour enlever ma robe. Elle glissa sur le sol et je regardai dans le miroir. Du doigt je suivis la ligne irrégulière de la cicatrice qui courait sur mon corps. Je me mordis la lèvre inférieure et m'empressai d'enfiler la robe blanche. Je lançai un regard haineux au miroir avant de sortir. Je lançai mon ancienne robe sur le canapé et sautai au cou de Jin. Je déposai un gros baiser sur sa joue. Je me détachai de lui pour admirer la robe. Je la trouvais un peu moins belle sur moi. (>.>). En tout cas, celle-là, elle faisait ressortir plus mes formes que la précédente. Je ne pus m'empêcher de frissonner quand je fis glisser mes mains de dessous mes bras jusqu'à mes hanches. Je frissonnai un peu plus quand ma main gauche se posa sur ma hanche gauche et je retirais rapidement mes mains. Je relevais la tête et sentis la chaleur monter à mes joues. Je compris qu'elle devait être en train de rosir. Je n'aimais vraiment pas ça alors je posai mes paumes froides et blanches sur mes joues. Je souris à Jin.

''Merci beaucoup Jin. Elle est très belle !''

Je souris en sentant ses bras dans mon dos. Mes joues étaient redevenues entièrement blanches. Il me donnait beaucoup trop de choses. Quand il me lâcha, j'effleurai du bout de mon index la baguette qu'il m'avait donnée et que je n'oubliai jamais de remettre dans mes cheveux noirs. Maintenant, il m'offre une robe. Une robe sublime. Je met rarement du blanc, mais là, je ne peux pas nier la beauté de la robe. Je la caressai une nouvelle fois, la tapotant très légèrement puis la réajustant. Ca me mettait mal à l'aise ces cadeaux, alors que moi, que lui ai-je offert ? A part le bras que j'ai failli lui arracher et les yeux que je lui ai percé, je ne lui ai jamais rien donné en échange. Je vins m'assoir sur la canapé en faisant très attention de ne pas abîmer la belle robe. J'inclinai légèrement la tête sur le côté à sa question. De nouveau ? Depuis la dernière fois ?

''Je … je ne sais pas. A part ça …''

Je levais ma main bandée à mon visage pour l'observer une nouvelle fois. Si je n'avais pas protégé mon visage, que m'aurait-il fait ? Je frissonnai à cette pensée et fermai le poing. Ce simple geste suffit à faire dériver mes pensées. Je revis alors un petit objet dans ma tête. Je fronçai les sourcils et effleurai mon tatouage dans ma nuque. Je me levai d'un seul coup en souriant. Ca y est, j'ai trouvé quoi offrir à mon ami. Je lui fis signe que je revenais et sortis par le balcon. Je redevins Naïa pour entrer dans mon appartement le plus silencieusement possible. Je redevins Elena et me penchai au dessus de Liza pour remettre une mèche de feu et d'or derrière son oreille. Un sourire étira mes lèvres. Je n'eus même pas besoin de chercher, le petit objet était là, sur un petit meuble. Je revins dans l'appartement de Jin et m'approchai de lui doucement, observai l'objet. Je restais débout devant lui et lui tendis la dent d'animal qui pendait au bout d'un long fil noir.

''Tiens, c'est pas grand chose, désolée, mais je voulais t'offrir quelque chose moi aussi ! C'est une dent de Naïa. Moi, je ne peux pas la mettre autour du cou ça me brûle et j'en ai déjà une dans les cheveux. Elle est pour toi celle-là.''

Jin prit le collier avec douceur et je souris. Il le mit et mon sourire s'agrandit. Je me laissai aller contre lui, appréciant cet impression de sécurité. Sa phrase me rappela moi quand il m'a offert la baguette à cheveux. Je me rappelais bien l'avoir déplacé juste après qu'il l'ait mit dans mes cheveux d'ébènes. Je n'ai carrément pas l'habitude qu'on me fasse des cadeaux. Du bout de mon index, comme je fais tout le temps, j'effleurai la dent autour de son cou, puis celle enroulée atour de la baguette chinoise dans mes cheveux. Ce n'était pas vraiment les même. Celle que j'avais moi était plus vieille que celle de Jin, alors elle était plus petite. Je relevai les yeux et vis les larmes sur ses joues.

''Je te l'ai déjà dit non ? Ca sert à rien de pleurer !''

C'est moi qui ose dire ça, oui. Je souris, je voulais juste qu'il arrête de pleurer. Je n'aimais pas voir les larmes sur ses joues. D'ailleurs, il pleurait du sang et de l'eau salée, c'est étrange. Il recueillit sa larme sur son doigt et me la montra. Sans vraiment réfléchir, je pris sa main entre les miennes et fis disparaître la larme d'un coup de langue furtif. Je pris ensuite son visage entre mes mains, les posant à peine sur sa peau. Le filet de sang disparut après le passage de ma langue sur sa joue, comme je le fais si souvent. Je souris et lâchai son visage. Je fronçai ensuite les sourcils et me détachai légèrement de lui pour le regarder mieux. L'inquiétude me tordit le ventre. Rencontrer quelqu'un qui lui est très chère. Celle qu'il aime ? Celle dont l'odeur est toujours présente dans l'appartement et sur Jin ? Je frissonnai.

''Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée Jin. Et si nous ne nous aimions pas ? Je n'ai pas envie que cette rencontre m'éloigne de mon ami !''